Éthologie sonore et statut acoustique de quelques Cigales thaïlandaises, incluant la description de deux espèces nouvelles (Hemiptera: Auchenorhyncha *, Cicadoidea, Cicadidae)
Author
Boulard, Michel
École pratique des hautes Études, Biologie et Évolution des Insectes, Muséum national d’Histoire naturelle, 45, rue Buffon, F- 75005 Paris
text
Ann. Soc. entomol. Fr. (n. s.)
2003
2003-12-31
39
2
97
119
journal article
10.1080/00379271.2003.10697366
ab0767c3-8f6b-4800-a4eb-d4c096aa0bd0
3569894
2)
Cryptotympana mandarina
Distant, 1891
Cryptotympana mandarina
Distant, 1891: 86
;
1892
: pl. XI, fig. 7, a, b;
Hayashi 1987: 74.
Cryptotympana corvus
Jacobi, 1905: 431
(
non
Walker, 1850
).
Cryptotympana
mimica
Distant, 1917: 319
;
Hayashi 1987: 74
;
Chou
et
al.
1997: 279
.
Distribution géographique connue
;
localisation temporelle
– Décrite tout d’abord de
Chine
(
Distant 1891
, p. 86),
C. mandarina
occupe une large partie subseptentrionale du Sud-Est continental de l’Asie tropicale (Hayashi 1987, II: 74-78). Dans le Nord de la
Thaïlande
, nous l’avons rencontrée sur les flancs escarpés du Doi Mon Kia. Les adultes y éclosent en septembre, au milieu de la saison des pluies, et nous avons pu suivre et photographier les différentes phases de sa métamorphose, dont on donne ici un premier document (
Pl. photo: 2
).
Présentation succincte
–
Cryptotympana mandarina
existerait sous plusieurs morphes caractérisées par la plus ou moins grande extension des plages opacifiées sur la moitié basale des ailes (Hayashi
loc. cit.
). Dans notre localité thaïlandaise, c’est la forme typique que l’on trouve, avec ses plages homélytrales d’un jaune diaphane nettement délimitées par la ligne nodale, tandis que la base seule des ailes postérieures se trouve densément teintée de bistre. C’est une belle Cigale au corps trapu, la face dorsale foncièrement d’un brun sombre et brillant, la face ventrale d’un brun plus clair, presque orangé, mais avec une large fascie parasagittale et presque noire courant sur l’ensemble des sternites. La tête et le thorax portent des macules jaunâtres, ponctuelles ou linéaires, et des petites touffes de poils dorés ornent les angles antérieurs et postérieurs du scutum. Les mâles sont un peu plus gros que les femelles, les mensurations pour l’un des couples capturés donnent 64 et
60 mm
pour la longueur totale, 44 et
35 mm
pour celle du corps, 18,4 et
17 mm
pour la largeur de la tête, 16 et
14,8 mm
pour la largeur du mésonotum et 120 et
116 mm
pour l’envergure.
Notes éthologiques et Carte d’identité acoustique
– Héliophile et de pleine journée, le mâle de
C. mandarina
,
comme celui de
C. aquila
, est un voyageur solitaire privilégiant les hautes canopées. Les rayons du soleil semblent lui être particulièrement nécessaires pour émettre ses appels sonores: un nuage conséquent suffit à ralentir, puis stopper sa cymbalisation. Celle-ci comprend une suite de séquences incluant des groupes de signaux plus ou moins télescopés entre eux et produisant un grésillement montant tout d’abord en puissance décibellaire, puis se fragmentant en six (plus ou moins un ou deux) groupes de signaux densément serrés, mais de loin en loin séparés par de courts passages moins puissants.
Sonogramme 2
Sonogramme n°
2
:
Cryptotympana
mandarina
Distant,
1891
, CIA (fréquence d’échantillonnage: 44 100 Hz):
(
a
) Oscillogramme temporel fondé sur l’enregistrement de 30 secondes transcrivant, en temps réel, la fin d’une séquence presque immédiatement suivie d’une séquence entière que composent 6 groupes à peu près équivalents de signaux grésillés, les 2 premiers allant crescendo, le dernier se terminant de façon abrupte.
(
b
) Spectre fréquentiel moyen, positionnant le fondamental vers 3 000 Hz, et précisant l’efficacité sonore maximale aux environs de 7 200 Hz, tandis trois autres pics d’intensité se situent à 5 500 et 9 000 Hz.
(
c
) Oscillogramme partiel, étiré dans un espace-temps détaillant la portion de la cymbalisation inversée en (
a
) et figurant la fin d’un groupe et le début du suivant, lequel s’avère composé de sous-groupes.
(
d
) Spectrogramme fondé sur l’oscillogramme précédent et retranscrivant l’occupation fréquentielle. Les parties retenues des deux ensembles ne distinguent pas d’harmoniques précis, mais s’étalent entre 3 000 et 10 500 Hz, ce qui correspond au grésillement produit.