Biodiversité et biogéographie chez les Cavoliniidae (Mollusca, Gastropoda, Opisthobranchia, Euthecosomata). Régions faunistiques marines
Author
Rampal, Jeannine
Laboratoire de Biologie animale (Plancton), Université de Provence, F- 13331 Marseille cedex 3 (France) bioplank @ newsup. univ-mrs. fr.
text
Zoosystema
2002
24
2
209
258
journal article
10.5281/zenodo.5394229
1638-9387
5394229
Cuvierina spoeli
n. sp.
(
Fig. 1
)
Cuvierina columnella
forma
atlantica
Spoel, 1970a: 120.
MATÉRIEL TYPE
. — Océan
Indien
sud-occidental,
NO
Marion Dufresne
,
21°08’S
,
55°11’E
,
630-710 m
,
holotype
L =
9,88 mm
, lm =
2,71 mm
(
MNHN
BIMM
)
;
2 paratypes
L =
9,78 mm
, L =
9,90 mm
(
MNHN
BIMM
)
.
MATÉRIEL
EXAMINÉ. —
45 spécimens
(
35°59’N
,
05°30’O
;
36°00’N
,
00°30’O
;
36°38’N
,
02°00’O
;
17°15’N
,
145°44’O
;
21°08’S
,
55°11’E
;
22°22’S
,
166°24’E
;
16°26’N
,
146°33’O
)
.
ÉTYMOLOGIE. — Espèce dédiée à S. Van der Spoel.
DISTRIBUTION. — C’est la forme la plus fréquente de l’Atlantique. On l’observe dans cet océan, d’est en ouest, des latitudes tempérées à tropicales (
Tableau 2
). Mais nous l’avons récolté également en différents points de l’Indo-Pacifique: océan
Indien
sud-occidental, océan Pacifique occidental et central (
Fig. 1C
). Il peut pénétrer en Méditerranée comme
C. columnella
.
DESCRIPTION
Ce taxon se différencie nettement de
C. urceolaris
pour les mêmes raisons que
C. columnella
. Il a des affinités pour ce dernier, mais il s’en distingue par plusieurs caractères. Il est plus grand (L =
8,50-10,35 mm
; moyenne
9,32 mm
). Les très grands spécimens ont été récoltés dans le Pacifique occidental (L =
9,83 mm
), l’Atlantique sud (L =
10,32 mm
) et l’océan
Indien
sud-occidental. Les bords de la coquille sont un peu divergents; il est donc moins effilé que
C
.
columnella
(E = 14,2 %). L’arc de cercle correspondant à l’étalement de lm est postérieur au milieu de la coquille alors qu’il est situé au milieu chez
C. columnella
. Ainsi leurs différents paramètres se répartissent en deux classes distinctes, ce qui nous autorise à considérer ces grands spécimens comme les représentants d’une espèce nouvelle que nous dédions à S. Van der Spoel. Nous la nommons
Cuvierina spoeli
n. sp.
C. columnella
et
C. spoeli
n. sp.
vivent dans les trois océans. Lorsqu’ils ont une répartition sympatrique ils ne montrent aucune trace d’hybridation ce qui confirme leur statut spécifique.
TABLEAU 3. — Principales caractéristiques biométriques (minimum-maximum) et morphologiques de la coquille des espèces de
Cavolinia
Abildgaard, 1791
du groupe
gibbosa
. Abréviations:
L
, longueur (en mm);
l
, largeur (en mm);
H
, hauteur (en mm).
Caractéristiques
|
Cavolinia plana
|
Cavolinia flava
|
Cavolinia gibbosa
|
Cavolinia gibboides
|
(Meisenheimer,
|
(d’Orbigny,
|
(d’Orbigny,
|
n. sp.
|
1905)
|
1836)
|
1836)
|
L |
8,0-11,5 |
8,27-10,70 |
7,06-7,77 |
5,10-6,20 |
l |
5,70-6,95 |
5,10-6,40 |
4,8-5,20 |
3,60-4,20 |
H |
4,0-6,10 |
4,80-5,70 |
5,0-5,20 |
3,90-4,35 |
l/L |
0,61-0,73 |
0,56-0,60 |
0,64-0,74 |
0,67-0,70 |
H/L |
0,45-0,57 |
0,54-0,62 |
0,67-0,73 |
0,70-0,76 |
Nombre de côtes dorsales |
5 |
7 |
> 5 à <7 |
7 |
Lèvre dorsale |
longue oblique |
longue peu oblique |
courte verticale |
courte verticale |
Angle ventral (degré) |
73 |
73 |
83 |
100 |
REMARQUES PALÉONTOLOGIQUES
Le genre
Cuvierina
est apparu tardivement. Il est cité depuis le Miocène moyen (Tibéri 1878;
Benoist 1888
; Wenz 1959-1960;
Curry 1965
;
Janssen 1995
). Il est morphologiquement très proche du genre fossile
Vaginella
Daudin, 1800
qui existait encore à cette époque et dont il dériverait (
Rampal 1996
). L’examen des formes fossiles traduit une diversification morphologique dès le Miocène-Pliocène, les trois espèces actuelles se profilant très tôt. Nous retiendrons la relative stabilité des trois phénotypes depuis leur apparition vers la fin du Tertiaire. Dans le Miocène du
Piémont
, on t r o u v e l a f o r m e f o s s i l e
Cuvierina paronai
(Checchia-Rispoli, 1921)
alors que les ancêtres probables
Vaginella
existent encore. Cette espèce fossile a des affinités avec
Cuvierina columnella
. Dans le Pliocène du
Piémont
, on trouve deux autres formes fossiles,
C. inflata
(Bellardi, 1873)
et
C. intermedia
(Bellardi, 1873)
, qui é v o q u e n t r e s p e c t i v e m e n t
C
.
urceolaris
e t
C. spoeli
n. sp.
Il serait intéressant de voir si
C
.
columnella
, qui paraît être le plus ancien, représente le phénotype originel. Nous aborderons cette hypothèse par la voie de la biologie moléculaire et de la paléontologie.