Éthologie sonore et statut acoustique de quelques Cigales thaïlandaises, incluant la description de deux espèces nouvelles (Hemiptera: Auchenorhyncha *, Cicadoidea, Cicadidae) Author Boulard, Michel École pratique des hautes Études, Biologie et Évolution des Insectes, Muséum national d’Histoire naturelle, 45, rue Buffon, F- 75005 Paris text Ann. Soc. entomol. Fr. (n. s.) 2003 2003-12-31 39 2 97 119 journal article 10.1080/00379271.2003.10697366 ab0767c3-8f6b-4800-a4eb-d4c096aa0bd0 3569894 10) Gaeana cheni Chou & Yao, 1985 Gaeana cheni Chou & Yao, 1985 : 129. Distribution géographique connue ; localisation temporelle – Décrite et jusqu’à ce jour seulement signalée de l’Ouest de la Chine tropicale, cette espèce est ici rapportée pour la première fois de la province Nord de la Thaïlande . Photographiée et enregistrée dans la chaîne du Doi Mon Kia, où, en mars, les larves nymphoïdes sortent de terre et se métamorphosent; les adultes disparaissent fin avril/début mai. Présentation succincte – Il s’agit de l’une de ces espèces asiennes que j’ai surnommées «cigales-papillons » ( Boulard 2002 b , notamment), non seulement en raison de l’étroitesse de leur corps, de la forte ampleur de leurs ailes (la longueur des antérieures valant à peine 2 fois et demi leur plus grande largeur), celles-ci étant, de plus, richement colorées, mais aussi parce que leur vol n’est pas, comme chez la plupart des autres cigales un vol vibré: c’est un vol battu, beaucoup moins rapide, à la manière de celui de nombreux Rhopalocères. Chez G. cheni , le corps est d’un noir profond et brillant; la tête porte deux taches sommitales jaunes (une à chaque angle interne des yeux composés), le thorax en porte 4 deux à deux symétriques sur le scutum du mésonotum, et deux autres de part et d’autre de l’x scutellaire; les homélytres entièrement opaques arborent, sur la partie basale, trois macules jaunes et trois autres sur la ligne nodale, le tout sur un fond bistre noirâtre, tandis que les ailes postérieures sont mi-blanches, mibistre avec les cellules apicales moins densément colorées en leur partie centrale. Mensurations prises chez l’un des mâles enregistrés: 41 mm pour la longueur totale, 32 mm pour celle du corps, 7,5 mm pour la largeur de la tête, 7 mm pour celle du mésonotum et 85 mm pour l’envergure. Notes éthologiques et CIA Gaeana cheni effectue son imaginaison en pleine nuit ( Pl. photo: 12 ). Ensuite, c’est une espèce héliophile et canopéenne, vivant en petites colonies à mailles larges, autour et dans le volume aérien des arbres où elle se complaît à voleter, s’agriffant de temps à autre aux petites branchettes et brindilles, ou même aux feuilles, pour se reposer, s’alimenter, ou émettre des appels crépités. Sa cymbalisation est en effet une suite de crépitements très rythmés évoquant le bruit d’une crécelle qu’un enfant agiterait périodiquement. Sonogramme 13 : Gaeana cheni Chou & Yao, 1985 , CIA (fréquence d’échantillonnage: 44 100 Hz). ( a ) Oscillogramme temporel fondé sur 30 secondes de la cymbalisation et transcrivant, en temps réel, une séquence d’appel comprenant une vingtaine de modules bruitant comme une crécelle. Chaque module dure 1,30 seconde environ et comporte un ensemble de signaux allant crescendo et de plus en plus rapprochés entre eux pour cesser abruptement. 20 à 30 dixièmes de seconde de silence séparent les modules-crécelles. ( b ) Spectre fréquentiel moyen précisant la position des pics de fréquence des tranches ou zones acoustiquement efficaces après un fondamental se révélant un peu après la ligne des 4 000 Hz. ( c ) Sonogramme transposant, dans un espace-temps arbitraire, deux modules sélectionnés dans le plein signal de la séquence étudiée (plage inversée en ( a )), et permettant d’obtenir une image structurelle plus précise de ces modules au timbre de crécelle. ( d ) Spectrogramme fondé sur l’oscillogramme ( c ) et traduisant l’occupation fréquentielle de la cymbalisation de G. cheni , difficile à interpréter. On peut voir que l’empreinte du fondamental se situe dans une tranche centrée sur 4 050 /4 100 Hz, à laquelle fait suite une large zone formantique entre 6 000 et 14 000 Hz. Nous n’avons pas détecté la cymbalisation de cour. En revanche, nous avons pu suivre un accouplement, dont les acteurs finirent par chuter au sol ( Pl. photo: 13 ).