Contribution à la connaissance des lucioles et lampyres de Suisse et observation de Luciola lusitanica Charpentier, 1825 à Genève (Coleoptera, Lampyridae)
Author
Gurcel, Kevin
AllÉe de Sacconges 20, FR-Seynod 74600 Annecy;
kevin.gurcel@orange.fr
Author
Chittaro, Yannick
info fauna-CSCF, Avenue Bellevaux 51, CH- 2000 Neuchâtel;
yannick.chittaro@unine.ch
Author
Sanchez, Andreas
andreas.sanchez@unine.ch
Author
Rieger, Ingo
Chratzhöfli 4, CH- 8447 Dachsen;
rieger@adikom.ch
text
Entomo Helvetica
2020
2020-06-01
13
81
96
journal article
57135
10.5169/seals-985886
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1662-8500
8110753
Luciola italica
(Linnaeus, 1767)
La luciole italienne est répartie de l’Italie jusqu’à la
Grèce
en passant par la péninsule balkanique selon
Geisthardt & Satô (2007)
, mais sa distribution devrait être précisée suite aux résultats d’études génétiques obtenus par
Day et al. (2014)
(voir Discussion plus bas). Une population de
L. italica
forte de plusieurs centaines d’individus vient d’être découverte en
France
dans un petit village du département du Doubs à Blussangeaux, en
juin 2018
. Elle résulte d’une introduction accidentelle dans les années 1980 à partir d’individus provenant de Varese en
Italie
, vraisemblablement avec des plantes ornementales (
Le Tallec & Cotte 2020
). En
Suisse
, elle est indigène au Sud des Alpes (
Tessin
et Val Mesolcina aux
Grisons
), dans la continuité des populations d’Italie du Nord. Au Nord des Alpes par contre, toutes les populations recensées résultent d’introductions (
Fig. 4a
). Certaines sont très bien documentées, notamment celle de la région lausannoise.
Faes (1941)
explique ainsi s’être fait envoyer en 1938 des lucioles du
Tessin
qu’il introduisit près de Lausanne, «dans le parc Bourget, non loin de la rivière Chamberonne». Ce premier essai d’introduction fut néanmoins un échec et aucun individu ne put être trouvé en 1939 («peut‐être les insectes envoyés l’année précédente étaient‐ils exclusivement des mâles?»). En 1940, son correspondant tessinois lui renvoya de nouveaux spécimens et notamment des femelles, que Faes relâcha auprès de l’étang du parc Bourget. Des individus furent ensuite régulièrement observés sur ce site dès 1941. Cette population, issue de seulement quelques individus, était toujours présente en 2019 dans le même site. Actuellement forte de milliers d’individus (V. Cosandey, comm. pers.), elle a pourtant connu d’importantes fluctuations au fil du temps.Allenspach& Wittmer écrivaient ainsi en1979:«Toumayeff H. [Georges?], le 20.6.197 6 n’a pu trouver que quatre exemplaires. Il faut donc compter sur l’extinction prochaine de cette population au Nord des Alpes». Cela ne s’est toutefois pas produit.
Fig. 3.
Phosphaenus hemipterus
.
a)
Répartition de l’espèce en Suisse (ronds noirs: données ≥ 2000, ronds blancs: données <2000);
b)
distribution altitudinale (pourcentage du nombre de données par tranche altitudinale de 200 m);
c)
période d’observation des adultes (pourcentage du nombre de données par période de deux semaines);
d)
larve (Lettonie);
e)
mâle imago (Fully, VS);
f)
femelle imago (Zürichberg, ZH). (Photos Marek Ievins (larve), Pierre Bornand (mâle) et Ulrich Kloter (femelle))
En parallèle à cette introduction dans la région lausannoise, Faes a également tenté une introduction de l’espèce en
Valais
central, qui est restée sans succès, comme il le constatait lui-même en 1941: «l’essai d’acclimatation tenté en 1938 seulement, auprès du petit lac de Géronde, sur Sierre en
Valais
, semble n’avoir pas eu de succès, les bords du lac (vignes et rochers) étant peut‐être trop arides».
Un exemplaire
de
L. italica
étiqueté «
Pfynwald
[Finges, près de Sierre], 18.–
27.7.1966
, leg.
Anonymous
» existe pourtant dans les collections du
Naturhistorisches Museum der Burgergemeinde Bern
.
Une petite population s’est donc peut-être tout de même maintenue dans la région durant deux décennies, ou cette capture résulte d’une nouvelle importation. Dans tous les cas, l’espèce n’a plus été signalée en Valais depuis plus de cinquante ans.
Mis à part ces deux introductions locales attestées, il existe également plusieurs autres implantations de l’espèce au Nord des Alpes, vraisemblablement plus récentes et généralement non documentées.
L. italica
existe ainsi dans les environs
d’Yvonand
(VD). Plusieurs spécimens capturés en 2019 (
29.6.2019
, leg.
A. Maibach
) nous ont permis de confirmer l’identification spécifique
. Suite à des discussions avec M. Antoniazza, il apparaît qu’une population existe dans cette localité depuis au moins 1975. Cette population a toujours été très localisée et n’a jamais colonisé des sites similaires situés le long de la Menthue, à quelque
400 m
de distance, respectivement
600 à 700 m
en amont (A. Maibach, comm. pers.). Une autre population, aujourd’hui éteinte, existait également à proximité dans la région de Châble-Perron dans les années 1970.
Dans la région zurichoise, les premières données datent d’une trentaine d’années (
Zürich
,
Kreuzkirche
,
1989
, leg.
C. Meier
;
plusieurs centaines d’individus,
Zürich-Hottingen
, 2.–
12.7.1991
, leg.
A. Ion Plitzco
&
R. Neumeyer
),
mais cette population existe depuis au moins 1952 (S. Hostettler, comm. pers., in
Neumeyer 1991
).
Dans
cette région, l’espèce colonise principalement une prairie de fauche de basse altitude d’environ 0,25 ha située sur une pente exposée au sud et partiellement ombragée par les arbres d’un parc. Ce biotope est entouré de zones défavorables pour les larves et l’espèce s’y trouve confinée. La capture d’un spécimen en 2019 (leg. R. Neumeyer) permit de confirmer l’identification spécifique.
Les mâles (
Fig. 4d
et
5a
) et les femelles (
Fig. 5b
) de
L. italica
se ressemblent beaucoup du point de vue morphologique, les femelles étant toutefois plus trapues. Les mâles émettent en vol différents signaux lumineux jaune‐vert sous forme d’éclairs répétés et les femelles, au sol, clignotent pour attirer les mâles. Selon Mikšić & Mikšić (1965), les femelles possèdent des élytres, mais leurs ailes, incomplètement formées, ne leur permettent pas de voler. L’espèce dépasse rarement les
800 m
d’altitude en
Suisse
(
Fig. 4b
) et les adultes s’observent principalement en juin (
Fig. 4c
).