Liste annotée des Goodyerinae Klotzsch (Orchidaceae) de Nouvelle-Calédonie avec la description de deux nouvelles espèces
Author
Pignal, Marc
Author
Laudereau, Christian
Author
Laudereau, Pierre-Louis
text
Adansonia
2023
3
2023-07-24
45
19
307
325
journal article
10.5252/adansonia2023v45a19
1639-4798
8200238
Goodyera suprinii
M.Pignal
,
sp. nov.
(
Figs 2
A-K; 3A-F; 4)
Goodyerae scriptae
(Rchb.f.) Schltr. (
Platylepi scriptae
(Rchb. f.) M.C.Pace.) similis, sed tepalis viridibus albidisque (vs rubentia albidaque), labello scrotiformi elobato (vs bilobatum), labelli hypochilio interne elamelloso (vs lamellosum) atque fructibus viridibus ovoideis, sub angulo 60° cum rachidi (vs albos ellipsoidales erectos et fere parallelos ad rachim) praecipue differt.
TYPUS
. —
Nouvelle-Calédonie
.
Province Nord
,
Massif du Boulinda
,
21°18’00”S
,
165°05’26”E
, fl.,
28.X.2017
,
C. Laudereau
&
P.-L.
Laudereau 593
(
holo-
,
NOU
[
NOU108344
];
iso-
,
B
,
G
,
K
,
P
[
P02275926
])
.
PARATYPI
. —
Nouvelle-Calédonie
.
Province Nord
,
Massif du Boulinda
,
21°18’00,2”S
,
165°05’25,9”E
, fl.,
06.XI.2020
,
C. Laudereau
&
L. Laudereau
1334
(
L
;
NOU
[
NOU092409
,
NOU092414
-alcool];
P
[
P02275927
];
S
)
.
ÉTYMOLOGIE
. — Nous sommes heureux de dédier cette espèce à Bernard Suprin, botaniste et auteur d’une dizaine d’ouvrages de vulgarisation en botanique et sur les randonnées de
Nouvelle-Calédonie
. Son dernier ouvrage concerne l’utilisation des plantes comestibles de
Nouvelle-Calédonie
(
Suprin 2022
).
PHÉNOLOGIE
.
—
Le taxon a été observé en fleurs en octobre-novembre et en fruits en novembre-décembre.
HABITAT
ET
RÉPARTITION
. — Cette nouvelle espèce semble microendémique de Poya. A l’heure actuelle, deux récoltes proviennent du massif du Boulinda dans différentes stations du même talweg. L’espèce pousse en sous-bois forestier. Sur une des stations, elle a été trouvée sur un substrat humifère et ultramafique, mais elle a aussi été observée poussant directement sur cuirasse démantelée.
STATUT
DE
CONSERVATION
. — Ce taxon n’est connu que du Massif du (Petit) Boulinda. L’espèce pousse en milieu forestier de superficie très réduite sur substrat ultramafique. Ce massif est soumis à trois
types
de menaces environnementales: a) risques d’incendies (un incendie en 2017 s’est approché de la zone); b) impact des espèces envahissantes telles que les cochons sauvages; c) risque d’exploitation minière sur le site.
Nous
proposons un statut “En danger critique d’extinction” (CR) selon les catégories de l’UICN (
UICN 2018
), en attendant une meilleure exploration de la zone. Il est à préciser que toutes les orchidées sauvages sont protégées en
Province Nord
(https://endemia.nc/flore/fiche8218).
DESCRIPTION
Plante herbacée terrestre. Rhizome affleurant le sol souvent ramifié, en forme de croissant, à 6 entrenoeuds, 40 ×
9 mm
dans sa partie centrale, entrenoeuds de
6-8 mm
. Croissance sympodiale, la reprise de croissance s’effectuant à partir de l’avant-dernier noeud. Racines blanches, charnues, couvertes de poils blancs, droits, de
3,5-4,5 mm
de diamètre, émises au niveau du même noeud de reprise de la végétation. Tige dressée de 100 ×
3 mm
, glabre. Feuilles: 3-4 écailles blancbrûnatre suivies de 5-7 feuilles. Limbe, étroitement elliptique (58-67 ×
8-10 mm
) à elliptique-lancéolé, (25,4-) 30,5-33,2 (-65) × (9-) 9,5-10 (-24) mm, vert uni, pâle abaxialement et vert tendre adaxialement, de texture molle. Nervure centrale saillante dessous et 4 nervures latérales non saillantes. Gaine de
4-5 mm
de hauteur, blanche nervurée de brun, pseudopétiole en gouttière de
10 mm
de long, de la même couleur que la gaine. Apex de la feuille aigu (24°-57°). Inflorescence brunâtre,
50 mm
, couverte de poils glanduleux,
0,24 mm
. Rachis de 90 ×
2 mm
, couvert de poils glanduleux, à 3 bractées triangulaires 12-14 ×
4 mm
, la plus basale foliacée, l’intermédiaire appliquée à l’axe et brunâtre, la plus apicale détachée de l’axe, environ 15 fleurs par inflorescence. Bractées triangulaires acuminées, vert brunâtre, 8 ×
2 mm
, appliquées à l’ovaire et recouvertes extérieurement de poils ganduleux blancs transparents
0,14-0,32 mm
. Fleur globuleuse de
3,4 mm
de largeur. Ovaire sessile, cylindrique, 7 ×
1,3 mm
, vert, à poils glanduleux épars. Sépales verts à bordure blanche, un peu glanduleux à l’extérieur. Sépale dorsal, 3 ×
1,2 mm
, en forme de cuillère, ové à apex obtus. Sépales latéraux convexes, 2,2 ×
2 mm
. orbiculaires. Pétales blancs translucides, à bande verte au centre dorsalement, blanc ventralement, lancéolés-asymétriques (en “aile de mouche”), 2,3 ×
0,8 mm
, à apex aigu (angle de 73°), dressés. Labelle scrotiforme,
2 mm
de hauteur,
1,8 mm
de largeur et
1,6 mm
de profondeur, orangé, hypochile à parois convergentes épaissies en 2-3 calli latéraux au niveau de l’hypochile et à épichile ouvert en gouttière blanche. Gynostème verdâtre dorsalement et blanc ventralement, de
2,3 mm
, recourbé, à apex élargi de
0,9 mm
, laissant une ouverture dans le sillon central de l’épichile du labelle. Connectif cordiforme, blanc, 0,65 ×
0,65 mm
. Pollinies, 2, obovées, aplaties, jaune pâle, friables, 0,6 ×
0,2 mm
et
0,18 mm
de profondeur. Fruit sessile, ovoïde, 186 ×
63 mm
, vert tendre. Bractée appliquée au fruit. Graines grossièrement rectangulaires, brunâtres, 0,8 ×
0,13 mm
. Tégument à grosses cellules.
FIG
. 2. — Comparaison des fleurs de
Goodyera suprinii
M.Pignal
,
sp. nov.
(
A -K
) et
G. scripta
(Rchb.f.) Schltr.
(
L -V
):
A
, inflorescence;
B
, fleur (face);
C
, sépale dorsal;
D
, sépale latéral;
E
, pétale;
F
, labelle (vue de 3/4);
G
, coupe longitudinale,
H
, profil,
I
, pollinarium,
J
, fruit,
K
, coupe transversale;
L
, inflorescence;
M
, fleur (face);
N
, sépale dorsal;
O
, sépale latéral;
P
, pétale;
Q
, labelle (vue de 3/4);
R
, coupe longitudinale;
S
, profil;
T
, pollinarium;
U
, fruit;
V
, coupe transversale. Photographies de C. Laudereau.
G. suprinii
M.Pignal
,
sp. nov.
, Massif du Petit Boulinda, 6.XI.2020,
G. scripta
, Plateau de Tango
, 18.X.2020, Olympus EM1MarkII. Échelles: A-E, J-P, U-V, 5 mm; F-I, Q-T, 1 mm.
NOTE
La partie végétative montre de fortes ressemblances avec celle de
G. scripta
. Certains individus de cette dernière espèce présentent des feuilles plus larges et plus ovées. Seule l’inflorescence, la fleur et le fruit permettent de bien distinguer les deux espèces: une inflorescence plus lâche, des fleurs et des fruits formant un angle large avec l’axe de l’inflorescence (contre les fleurs et des fruits dressés presque parallèles à l’axe), des fleurs plus petites avec un labelle de forme différente et sans lamelles internes au niveau de l’hypochile.