Éthologie sonore et statut acoustique de quelques Cigales thaïlandaises, incluant la description de deux espèces nouvelles (Hemiptera: Auchenorhyncha *, Cicadoidea, Cicadidae) Author Boulard, Michel École pratique des hautes Études, Biologie et Évolution des Insectes, Muséum national d’Histoire naturelle, 45, rue Buffon, F- 75005 Paris text Ann. Soc. entomol. Fr. (n. s.) 2003 2003-12-31 39 2 97 119 journal article 10.1080/00379271.2003.10697366 ab0767c3-8f6b-4800-a4eb-d4c096aa0bd0 3569894 9) Terpnosia nonusaprilis n. sp. Origine géographique et localisation temporelle Holotype , allotype , 3 paratypes ♂♂ et 3 paratypes ♀♀ , Thaïlande , Province de Chiang Maï , chaîne montagneuse et forestière du Doi Mon Kia, piste 1252, km 25, 9 avril 2002, Michel Boulard et Khuankanok Chueata réc. et lég., MNHN national d’Histoire naturelle, Entomologie, Paris. Figure 12 Terpnosia abdullah Distant, 1904 . Mise en évidence de la maculature latérotergale de l’abdomen. (Photographie Michel Boulard) Description et derivatio nominis – Proche de la précédente et sensiblement de la même taille, cette espèce s’en distingue par les deux vastes plages grisâtres bordées dorsalement de noir qui lui ornent les côtés de l’abdomen; elle est proche également de T. andersoni Distant, 1892 (originaire du Yunnan ), mais elle est nettement plus petite et s’en différencie encore par le rouge vif de ses nervures homélytrales. Ses autres caractéristiques résident dans la morphologie génitale et, bien sûr, dans l’originalité de sa cymbalisation. On peut noter également une légère hétérochromie sexuelle, la livrée des mâles étant à dominante verte, tandis que les femelles sont plutôt brunes. Nouvelle, enregistrée, photographiée et capturée un 9 avril , l’épithète « nonusaprilis » lui est ici donnée. Holotype ( fig. 13 à 15 ) – Foncièrement vert marbré de brun et de bistre noirâtre. Tête légèrement plus large que le mésonotum, formant, vue de dessus, un triangle isocèle de faible hauteur; marges du vertex et arcades antenaires noires, séparées l’une de l’autre par une étroite fascie verte; plage dorso-clypéale presque plate, arrondie à l’apex et moins longue que le vertex; territoire ocellaire réduit, noir et bosselé. Yeux ellipsoïdes, bruns, les sclérites oculaires saillant en avant du pronotum. Ocelles rouge clair; le médian occupant une position frontale; les latéro-postérieurs deux fois plus rapprochés entre eux que chacun de l’oeil correspondant (d1/d2 = 2,02). Scape noir couronné d’ocre, le reste des antennes noir. Face clypéale modérément bombée, verte, portant 6 bourrelets mi-noirs, mi-verts de chaque côté d’un sillon médian étroit et peu creusé, puis une tache triangulaire médiane au dessus de la suture clypéale; antéclypéus vert, pruineux, la carène portant une macule centrale noire; joues noires; lames buccales ocre au sommet puis noires; rostre long, son apex, noir, rejoignant le niveau antérieur des trochanters postérieurs. Thorax: foncièrement vert, marbré de taches et fascies noires deux à deux symétriques ( fig. 13 ); pronotum plus long que la tête, l’aire externe très étroite conduisant à des lobes suprahuméraux également peu développés; marges latérales légèrement sinueuses. Sur le scutum mésonotal, aires triangulaires latérales brunes, leur pourtour largement délimité de noir; x scutellaire mi-brun, mi-vert. Opercules en courtes palettes vertes légèrement bombées, masquant incomplètement les chambres acoustiques ventrales ( fig. 14) . Pattes: vertes, tachées de noir; fémurs antérieurs bien renflés, mais ne portant que deux dents sous-carénales peu développées ( fig. 15 ). Ailes: entièrement hyalines. Homélytres élancés (leur longueur comprenant un peu plus de trois fois leur largeur); cellule basale en trapèze très allongé, non opacifiée, ses segments limitatifs noirs; cellule radiale nettement plus longue que la cellule postcostale, cette dernière virtuelle; nervuration rouge, puis bistre noirâtre, nervules étroitement surlignées de brun; présence d’un ptérostigma mi-blanc, mi-noir; huit cellules apicales. Ailes postérieures transparentes, moitié moins longues que les antérieures, à six cellules terminales; nervuration entièrement noirâtre. Abdomen: subcylindrique, plus long que l’avant-corps, foncièrement brun clair, l’arrière des tergites ourlé de vert, les trois derniers plus sombres, surtout le huitième entièrement bistre; des taches d’un brun diffus dessinent une sorte de U renversé sur les tergites 3 à 6 ( fig. 13 ); pygophore mi-noir, mi-ocre vert. Cymbacalyptes peu développés, en courtes plaquettes (même figure) laissant les cymbales très largement découvertes; celles-ci à cinq longues et fortes côtes. Genitalia: fig. 16 et 17. Allotype ( fig. 18 et 19 ) – Même habitus et même nervuration homélytrale colorée de rouge, la femelle de Terpnosia nonusaprilis est légèrement plus petite; sa livrée est foncièrement brune, mais marbrée de noir comme chez le mâle; seules, l’aire externe du pronotum et l’élévation cruciforme ou x scutellaire, se trouvent ourlés de vert. Dimensions en millimètres des types et – Envergure = 49,5 et 46; Longueur totale = 26 et 23; Longueur de l’avantcorps = 7,12 et 6,75; Longueur de la tête = 1,43 et 1,25; Longueur du pronotum = 2 et 1,87; Longueur de l’abdomen = 9,5 et 8,75; Longueur du corps = 16,62 et 15,50; Longueur Lh des homélytres = 22,5 et 22; Plus grande largeur lh des homélytres = 7,37 et 7,12; Rapport Lh/lh = 3,05 et 3,09; Longueur de la cellule radiale R = 9,87 et 9,37; Longueur de la cellule postcostale pC = 6,75 et 6,75; Rapport R/pC = 1,46 et 1,39; Largeur de la tête, yeux inclus = 5 et 4,93; Largeur du mésonotum = 4,75 et 4,75; Distance d1 entre un oeil composé et l’ocelle le plus proche = 0,87 et 0,87; Distance d2 entre les ocelles latéropostérieurs = 0,43 et 0,38; Rapport d1/d2 = 2,02 et 2,29. Figures 13 à 15 Terpnosia nonusaprilis n. sp. – 13 à 15, Holotype , vues dorsale (13) et sous abdominale (14), fémur antérieur (15). (Dessins Hélène LeRuyet-Tan) Sonogramme 11 Notes éthologiques et CIA Terpnosia nonusaprilis n. sp. est une espèce uniquement dendrophile et, en raison de sa petitesse et de ses livrées en camaïeux de vert, de brun et de grisâtre, elle fut difficile à localiser, ce que l’on arrive cependant à faire en tournant lentement autour des troncs de façon à l’appréhender de profil ( Pl. photo: 6 ). C’est une espèce aurorale, qui se fait entendre avec la levée du jour, mais elle est aussi très héliophile, émettant sa cymbalisation d’appel, épisodiquement en pleine journée. La cymbalisation comporte, sur un fond de grésillements relativement lents, de courts modules plus puissants en décibels et régulièrement espacés entre eux, faisant suite à de très légers mouvements longitudinaux de l’abdomen. Sonogramme 11 : Terpnosia nonusaprilis n. sp. , CIA, premier volet (fréquence d’échantillonnage: 44 100 Hz). Figures 16 et 17 Terpnosia nonusaprilis n. sp. – 16 et 17, Conformation des pièces génitales d’un paratype . (Dessins Hélène LeRuyet-Tan) a ) Oscillogramme temporel transcrivant 20 secondes de la cymbalisation en pleine émission, laissant apparaître la régularité des modules plus puissants. b ) Spectre fréquentiel moyen révélant la hauteur du fondamental (5 000 Hz) suivis de trois pics d’efficacité (6 000, 10 500 et 15 500 Hz). c ) Oscillogramme étirant, dans un espace-temps arbitraire, un segment du fond de crépitement supportant deux modules et l’amorce d’un troisième (plage inversée en a ), rendant ainsi plus accessible la structure de cette cymbalisation. Chaque module se termine par une épaisse et courte traîne à laquelle fait suite une petite série de 5 à 7 motifs crépités, un dernier, plus long et évasé, précède chaque module. Sonogramme 12 d ) Spectrogramme mettant en image l’élégante morphologie fréquentielle de la partie de signal précédente. Au niveau des modules, les formants se trouvent considérablement décalés vers le bas, par rapport aux transcriptions des segments crépités. Sonogramme 12 : Terpnosia nonusaprilis n. sp. , CIA, second volet (fréquence d’échantillonnage: 44 100 Hz): a' ) Oscillogramme transcrivant, dans un espace-temps supérieur à l’oscillogramme (a) du volet précédent, 5 secondes de la cymbalisation en pleine émission centrées sur la reproduction de 3 modules. Figures 18 et 19 Terpnosia nonusaprilis n. sp. – 18 et 19, Allotype . (Dessins Hélène LeRuyet-Tan) Sonogramme 13 c' ) Oscillogramme étirant, dans un espace-temps encore plus allongé, l’un des modules ci-dessus et mettant en évidence la cinquantaine de motifs le composant. d' ) Spectrogramme confirmant le décalage vers le bas, qui caractérise l’occupation fréquentielle de la cymbalisation au niveau des modules. Nous n’avons pas entendu de cymbalisation de cour; toutefois, deux accouplements ont été observés; dans les deux cas, l’échange spermatique a duré un peu plus de 35 minutes ( Pl. photo: 7 ).