Un nouveau genre et une nouvelle espèce de scorpion d’Algérie, avec des considérations taxonomiques sur le genre Lissothus Vachon, 1948 (Scorpiones, Buthidae)
Author
Lourenço, Wilson R.
Laboratoire de Zoologie (Arthropodes), Muséum national d’Histoire naturelle, 61 rue de Buffon, F- 75005 Paris (France) arachne @ mnhn. fr
arachne@mnhn.fr
text
Zoosystema
2001
23
1
51
57
journal article
10.5281/zenodo.5393738
1638-9387
5393738
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Pseudolissothus pusillus
n. sp.
(
Fig. 2
).
MATÉRIEL- TYPE
. —
Holotype
,
Algérie
,
Tassili N’Ajjer, St
22
Amais
,
Cirque Moyen d’Adjiri
,
8-10.IV.1949
,
F. Bernard
coll. (
MNHN
RS-7062
).
ÉTYMOLOGIE. — Le nom spécifique fait référence à la petite taille de l’espèce.
DESCRIPTION
Coloration
Générale jaunâtre. Plaque prosomienne jaune clair; tubercule oculaire et yeux latéraux noirâtres. Mesosoma jaune clair comme la plaque prosomienne avec une zone longitudinale blanchâtre. Anneaux metasomaux I à V jaune très clair; vésicule et aiguillon jaune clair. Peignes, opercule génital, sternum, hanches et processus maxillaire jaune clair. Pattes jaune très clair, aucune esquisse de taches pas même estompées. Pédipalpes: fémur et tibia jaunâtres; pinces à main jaunâtre avec les doigts jaune très clair. Chélicères jaunâtres dépourvues de toute tache ou trame.
Morphologie
Prosoma
. Plaque prosomienne très longue; front avec une concavité fortement marquée; tubercule oculaire bien antérieur par rapport au centre de la plaque prosomienne; yeux médians de petite taille, séparés par plus d’un diamètre oculaire; trois paires d’yeux latéraux. Carènes pratiquement absentes; granulations absentes; tégument lisse.
Mesosoma
. Tergites sans granulations, lisses. Carène axiale à peine ébauchée sur les tergites I à VI; très faiblement marquée; absente sur le
VIIe
.
TABLEAU I. — Mensurations (en mm) de l’holotype de
Pseudolissothus pusillus
n. gen.
n. sp.
Metasoma
. Anneaux arrondis avec le tégument lisse ou chagriné; carènes pratiquement absentes; seules les dorsales sont ébauchées. Vésicule pratiquement lisse; aiguillon plus court que la vésicule, incurvé, pourvu d’une ébauche d’épine sous-aiguillonnaire. Sternites à stigmates très petits, d’une forme semi-linéaire un peu courbe. Peignes à 24-24 dents; lame basilaire intermédiaire non dilatée.
Pédipalpes
. Tous les segments pratiquement dépourvus de carènes; seules les dorsales du fémur sont ébauchées; présence de quelques granules non spiniformes sur la face interne du tibia. Tranchant des doigts mobiles avec 11 séries légèrement obliques de granules. Chélicères avec la dentition définie pour les
Buthidae (
Vachon 1963
)
, avec cependant quelques différences; doigt mobile avec la dent subdistale réduite et une seule dent basale; doigt fixe avec la dent médiane réduite. Trichobothriotaxie du type A-α, orthobothriotaxique (
Vachon 1973
,
1975
). Présence d’éperons basitarsaux et tibiaux réduits sur les pattes III et IV. Pas de
paratypes
.
FIG. 2. —
Pseudolissothus pusillus
n. gen., n. sp.
;
A
, plaque prosomienne;
B
, chélicère;
C
, metasoma et telson, vue latérale;
D
, sternum, hanches opercule génital et région proximale des peignes;
E
, tranchant du doigt mobile;
F
, pédipalpe, vue dorsale avec le modèle trichobothriotaxique. Échelles: A, C-F, 1 mm; B, 0,5 mm.
FIG. 3. — Carte avec les stations typiques des deux espèces de
Lissothus
et de
Pseudolissothus pusillus
n. gen.
n. sp.
QUELQUES REMARQUES
SUR LA RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE DES GENRES,
LISSOTHUS
ET
PSEUDOLISSOTHUS
N. GEN.
Ainsi que le précise déjà
Vachon (1951
,
1952b
), la répartition actuelle des scorpions de l’Afrique septentrionale peut être expliquée à la lumière de la paléogéographie et de la paléoclimatologie. Les vicissitudes subies par l’Afrique du Nord dans des périodes géologiques récentes, et en particulier l’expansion de la zone désertique propre du Sahara, correspondent à des phénomènes extérieurs qui ont agi sur les populations scorpioniques alors présentes. Les réactions des populations aux pressions de facteurs abiotiques a dû être variable selon leurs caractéristiques biodémographiques (
Lourenço 1991
), et ont abouti soit à des régressions voire des disparitions des populations, soit à des ruptures des distributions jadis continues. Dans certains cas, les pressions des facteurs abiotiques ont réduit la répartition de certaines espèces à des régions géographiques très limitées – « patchy distributions » – là où les conditions écologiques ont dû rester inchangées, permettant ainsi la survie des populations.
Cette dernière hypothèse semble convenir tout d’abord aux deux espèces du genre
Lissothus
, qui présentent actuellement des répartitions géographiques très disjointes, respectivement dans la région de Fezzan en Lybie et dans Akjoujt et l’Atar en
Mauritanie
. Les deux espèces morphologiquement très voisines, habitent également des milieux semblables, elles ont été en effet collectées sous des pierres des Regs, dans des environnements relativement secs.
En ce qui concerne
Pseudolissothus pusillus
n. gen.
n. sp., le genre et l’espèce sont connus de la seule station typique, et pratiquement aucune donnée écologique n’est disponible. Il est plausible cependant que la population de
P. pusillus
n. gen.
n. sp. soit endémique des zones montagneuses du
Tassili N’Ajjer
en
Algérie
.