Trois Portunidae (Crustacea, Decapoda, Brachyura) nouveaux de Polynésie française
Author
Crosnier, Alain
Laboratoire de Biologie des Invertébrés marins et Malacologie, Muséum national d’Histoire naturelle, 55 rue Buffon F- 75005 Paris (France) crosnier @ mnhn. fr
crosnier@mnhn.fr
Author
Moosa, Mohammad Kasim
Pusat Penelitian dan Pengembangan Oseanologi, Lipi, Jakarta (Indonésie) bkasim @ pacific. net. id.
bkasim@pacific.net.id
text
Zoosystema
2002
24
2
385
399
journal article
10.5281/zenodo.5390873
1638-9387
5390873
Brusinia piriformis
n. sp.
(
Figs 1A
;
2
A-E)
MATÉRIEL TYPE. —
Îles Marquises
.
Hiva Oa: stn D 46,
9°47,15’S
,
139°09,93’W
, dragage,
50 m
,
30. VIII.1990
, récoltes SMSRB (J. Poupin),
1 holotype
, 5,0 ×
4,5 mm
(MNHN-B 27737).
ÉTYMOLOGIE. — Du latin
piriformis
, adjectif formé à partir de
pirum
, poire, et
forma
, forme; ceci pour rappeler la forme de la carapace.
DISTRIBUTION. — Connu seulement en
Polynésie française
, des
îles Marquises
(Hiva Oa), à
50 m
de profondeur.
DESCRIPTION
Carapace en forme de poire, 1,2 fois plus longue que large, à surface lisse et glabre, à l’exception des bords latéraux qui portent des soies, plus denses sur leur partie postérolatérale.
Front très légèrement supérieur au tiers de la largeur de la carapace, découpé en trois lobes subégaux. Orbite entière sans aucune fissure, le lobe orbitaire interne se confondant avec le front.
Bords antérolatéraux régulièrement convexes, découpés en quatre dents pointues, peu proéminentes: la première (qui correspond au lobe orbitaire externe) est très légèrement plus petite que la deuxième qui est la plus grande; la troisième est un peu plus petite que la deuxième, la quatrième est la plus petite. Bords postérolatéraux sinueux, nettement plus longs que les antérolatéraux. Bord postérieur très court, à peine supérieur au cinquième de la largeur de la carapace.
Antennes se repliant transversalement. Antennules en communication avec l’orbite, l’article basal, étroit et allongé (rapport L/l voisin de 2), mobile, remplissant le hiatus orbitaire; flagelle à peu près de même longueur que l’orbite.
Troisièmes maxillipèdes ayant un mérus légèrement plus large que long, dont les bords externe et interne sont fortement convergents vers l’arrière et droits sauf dans leur partie antérieure qui est fortement arrondie et joint le bord antérieur luimême arrondi. L’exopodite est fort, sa largeur étant voisine de la moitié de celle de l’ischion.
Chélipèdes robustes, égaux, à surface externe très finement granuleuse. Carpe avec une dent distale sur son bord interne. Propode haut (rapport L/h voisin de 1,75), fortement comprimé latéralement (le bord inférieur peut presque être considéré comme caréné), sans ornementation, à l’exception d’une côte longitudinale faiblement marquée sur la face supérieure; doigt fixe peu proéminent par rapport à la paume, avec cinq ou six dents coupantes. Doigt mobile assez fortement incurvé et avec des dents du même
type
que celles du doigt fixe.
Péréiopodes 2-4 à mérus fort (celui des P4 étant toutefois plus comprimé que celui des P2 et P3) et à carpe plus long que le propode; ce dernier plus ou moins ovale et avec une face postérieure profondément invaginée, recueillant une partie du dactyle lorsque celui-ci est replié. Dactyle aplati en forme de lame; celui des P2 et P3 à bord antérieur fortement sinueux (principalement concave), à extrémité arrondie et à bord postérieur régulièrement convexe; celui des P4 à bord antérieur droit, à extrémité arrondie, à bord postérieur droit sur la plus grande partie de sa longueur puis recourbé dans sa partie basale.
Péréiopodes 5 les plus aplatis dorsoventralement, avec un carpe et un propode de même longueur et un dactyle très élargi (L/l = 2) en forme de palette natatoire, à extrémité arrondie.
Tous ces péréiopodes sont totalement dépourvus d’épines et de dents et garnis des soies usuelles.
L’abdomen, étroit et lisse, compte sept segments, glabres à l’exception de leurs bords latéraux qui portent de courtes soies denses qui deviennent un peu plus longues dans la partie distale du telson.
REMARQUES
C’est avec réticence que nous nous sommes décidés à décrire cette espèce comme nouvelle, alors que nous n’en possédons qu’un exemplaire, femelle de surcroît, et de relativement petite taille.
Nous avons pu comparer notre exemplaire aux spécimens de
B. profunda
mentionnés par
Moosa (1996: 514)
, dont le plus petit, un mâle, mesure 7 ×
5 mm
, à l’holotype de
B. elongatum
(
Sakai, 1969
)
, un mâle (6,8 ×
5,5 mm
), et au mâle
holotype
(L =
7,5 mm
) et à une femelle
paratype
(L =
7,6 mm
) de
B. brucei
Števčić, 1991
.
Certains caractères (en particulier la forme de la carapace, les tailles relatives des dents antérolatérales, la forme des dactyles des P2-P5) qui semblent particuliers à notre spécimen et non dus à sa petite taille ont toutefois vaincu, au moins partiellement, nos réticences.
Le genre
Brusinia
Števčić, 1991
, avec cette nouvelle espèce, comprend maintenant quatre espèces:
B. elongata
(
Sakai, 1969
)
,
B. brucei
Števčić, 1991
,
B. profunda
Moosa, 1996
et
B. piriformis
n. sp.
FIG. 1. —
A
,
Brusinia piriformis
n. sp.
, îles Marquises (Hiva Oa), récoltes SMSRB, stn D 46, 9°47,15’S, 139°09,93’W, 50 m, 30. VIII.1990, holotype 5,0 × 4,5 mm (MNHN-B 27737);
B
,
Brusinia brucei
Števčić, 1991
, Australie, côte nord-ouest,
Soela
, campagne ASO 283, stn B-12, 19°03,5’S, 119°03,6’E, 80 m, 28.V.1983, paratype 7,6 × 6,3 mm (NTM Cr.0007872). Échelles: 1 mm.
FIG. 2. —
A -E
,
Brusinia piriformis
n. sp.
, îles Marquises (Hiva Oa), récoltes SMSRB, stn D 46, 9°47,15’S, 139°09,93’W, 50 m, 30. VIII.1990, holotype 5,0 × 4,5 mm (MNHN-B 27737);
A
, chélipède droit;
B
, dactyle P2;
C
, dactyle P3;
D
, dactyle P4;
E
, dactyle P5;
F -J
,
Brusinia brucei
Števčić, 1991
, Australie, côte nord-ouest,
Soela
, campagne ASO 283, stn B-12, 19°03,5’S, 119°03,6’E, 80 m, 28.V.1983, paratype 7,6 × 6,3 mm (NTM Cr.0007872);
F
, chélipède droit;
G
, dactyle P2;
H
, dactyle P3;
I
, dactyle P4;
J
, dactyle P5. Échelles: 1 mm.
B. profunda
se distingue immédiatement par la présence de deux dents sur les bords antérolatéraux de la carapace au lieu de quatre chez les autres espèces. Par ailleurs, elle semble vivre à de beaucoup plus grandes profondeurs que toutes les autres espèces du genre.
B. piriformis
n. sp.
présente un front dont le lobe médian est presque de même taille que les lobes latéraux, alors que chez
B. elongatum
et
B. brucei
, le lobe frontal médian est très nettement plus petit que les latéraux. Sa carapace se rétrécit nettement plus dans sa partie postérieure. La première dent des bords antérolatéraux de sa carapace est un peu plus petite que la seconde, alors que chez les autres espèces, la première dent est très nettement plus grande que la seconde. Les dactyles des P2-P5 sont moins allongés, avec, pour les trois premiers, des bords antérieurs plus sinueux; par ailleurs l’extrémité de ces dactyles est beaucoup plus arrondie (comparer les
Figs 2
B-D et 2G-I). Le seul exemplaire disponible étant une femelle, le pléopode mâle demeure malheureusement inconnu.
B. elongata
et
B. brucei
, qui se distinguent par la présence de quatre dents sur les bords antérolatéraux de la carapace, dont la première est très nettement plus grande que la seconde, ont été comparés par
Stevcic (1991)
. Malheureusement, les caractères sélectionnés par cet auteur portent en grande partie sur des caractères mâles (d’où la difficulté de savoir comment distinguer les femelles) et utilisent largement la pilosité, caractère qui nous laisse très réticents étant donné sa variabilité en fonction des conditions de capture. Certes les pléopodes
1 mâles
semblent différents, mais les spécimens comparés sont de taille un peu inégale et il conviendrait de savoir, comme pour
B. piriformis
n. sp.
, ce qui correspond à des caractères spécifiques et à des caractères de jeunesse.
Les choses se compliquent encore du fait que les pléopodes et l’abdomen de l’holotype de
B. brucei
ne se trouvent plus dans le tube contenant l’holotype et semblent avoir disparu.
Afin d’essayer de faciliter des premières identifications de spécimens de
Brusinia
et malgré les réticences notées plus haut, nous proposons la clé d’identification ci-dessous. Par ailleurs, ayant examiné le mâle
holotype
et la femelle
paratype
de
B. brucei
, nous donnons des illustrations relatives à cette dernière (
Figs 1B
;
2
F-J).
CLÉ D’ IDENTIFICATION DU GENRE
BRUSINIA
ŠTEVČIĆ, 1991
(l’espèce décrite dans le texte est en gras)
1. Bords antérolatéraux de la carapace découpés en deux dents (y compris l’angle orbitaire externe) ..........................................................................................
B. profunda
— Bords antérolatéraux de la carapace découpés en quatre dents (y compris l’angle orbitaire externe) ........................................................................................................ 2
2. Première dent (angle orbitaire externe) des bords antérolatéraux de la carapace nettement plus grande que la seconde .......................................................................... 3
— Première dent (angle orbitaire externe) des bords antérolatéraux de la carapace légèrement plus petite que la seconde ..............................................
B. piriformis
n. sp.
3. De longues soies éparses sur les sternites 3 et 4. Des soies nombreuses et longues sur la partie antérieure du troisième segment abdominal. Partie distale du pléopode
1 mâle
tordue ............................................................................................
B. elongata
— Pas de longues soies éparses sur les sternites 3 et 4. Quelques soies courtes sur la partie antérieure du troisième segment abdominal. Partie distale du pléopode mâle presque droite ............................................................................................
B. brucei
Sous-Famille PORTUNINAE Rafisnesque, 1815