Biodiversité et biogéographie chez les Cavoliniidae (Mollusca, Gastropoda, Opisthobranchia, Euthecosomata). Régions faunistiques marines
Author
Rampal, Jeannine
Laboratoire de Biologie animale (Plancton), Université de Provence, F- 13331 Marseille cedex 3 (France) bioplank @ newsup. univ-mrs. fr.
text
Zoosystema
2002
24
2
209
258
journal article
10.5281/zenodo.5394229
1638-9387
5394229
Cavolinia labiata robusta
n. ssp.
(
Figs 5I, J
;
22F
)
MATÉRIEL TYPE
. — Océan
Indien
,
NO
Marion Dufresne
,
21°08’S
,
55°11’E
,
holotype
L =
6,60 mm
, l =
4,45 mm
, H =
2,05 mm
(
MNHN
BIMM
)
;
2 paratypes
L =
6,29 mm
, L =
6,60 mm
(
MNHN
BIMM
)
.
MATÉRIEL EXAMINÉ. — Océan
Indien
sud-occidental près de l’Île de
la Réunion
, NO
Marion Dufresne
(mission MD 32), stn Dr 62,
21°08’S
,
55°11’E
,
630- 710 m
, dans de la vase grise à globigérines et à euthécosomes,
22.VIII.1982
,
6 spécimens
.
ÉTYMOLOGIE. — Forme massive.
DESCRIPTION
Ces spécimens ne possèdent qu’une côte dorsale longitudinale en forme de crête étroite. Ils sont donc proches de
Cavolinia labiata
(
Figs 5I, J
;
22F
). Comme chez certains spécimens actuels, on observe parfois, de chaque côté de la face dorsale, une arête très fine et peu élevée au niveau du système de fermeture. Cependant, par leur taille en général plus grande pouvant atteindre
7,35 mm
, leur aspect massif plus globuleux, très arrondi au niveau des fentes latérales et leur côte dorsale très apparente jusqu’à l’extrêmité postérieure de la coquille, ces spécimens représentent une sousespèce fossile nouvelle pour la science. Nous la nommons
Cavolinia labiata robusta
n. ssp.
Cavolinia inflexa imitans
(
Pfeffer, 1880
)
(
Figs 6
;
7L
;
8
)
Hyalaea imitans
Pfeffer, 1880: 90
.
MATÉRIEL
EXAMINÉ. — Plus de 3500 spécimens dénombrés (
39°27’N
,
05°26’E
;
41°10’N
,
02°23’E
;
42°31’N
,
07°41’E
;
43°54’N
,
09°13’E
;
43°50’N
,
08°34’E
;
43°55’N
,
09°13’E
;
44°14’N
,
08°55’E
;
35°59’N
,
05°30’O
;
34°31’N
,
18°40’E
;
37°12’N
,
01°08’E
;
37°48’N
,
02°44’E
;
01°13’S
,
06°55’E
)
.
DISTRIBUTION. — Cette
Cavolinia
a été récoltée dans tous les océans, mais c’est dans l’Atlantique tempéré chaud à tropical et surtout en Méditerranée occidentale que nous avons observé ses plus fortes concentrations. C’est la plus abondante du groupe
inflexa
. Elle se rencontre aussi dans le Pacifique oriental. Sa répartition de part et d’autre de l’isthme de
Panama
peut évoquer le même scénario que pour
Cavolinia flava
(
Fig. 8D
).
REMARQUES
La longueur de la coquille est variable (L =
5,50- 6,65 mm
). Elle compte les plus grands représentants du groupe, observés notamment en mer Ligure (
Tableau 4
). Le corps est moyennement développé comparativement aux épines latérales qui sont élancées (trapues chez
C. labiata
), excepté peut-être chez certains spécimens ibériques et ligures, actuels et fossiles, dont le corps est massif. La lèvre dorsale est moyennement développée et ses bords sont plutôt arrondis (elle est pointue chez
C. labiata
). La largeur maximum est importante notamment chez les spécimens de la Méditerranée sud-occidentale. Les fentes des arêtes latérales sont deux fois plus longues que la zone plate de chevauchement des valves (fentes à peine plus longues chez
C. labiata
). L’épine postérieure, très recourbée dorsalement, est assez longue et à section transversale subcirculaire (Lp/L = 0,40-0,43; elle est peu recourbée et courte chez
C. labiata
: Lp
/L = 0,31-0,35). La face dorsale est située dans un plan; elle présente trois côtes dorsales longitudinales situées dans le tiers antérieur de la coquille et séparées par deux profonds sillons (face dorsale sinueuse, une côte dorsale longitudinale en forme de crête chez
C. labiata
). Sur les plans factoriels I et II (
Fig. 8C
)
C. labiata
et
C. inflexa imitans
forment des nuages distincts. Ces deux taxons représentent donc bien des espèces distinctes. En Méditerranée, en particulier dans le bassin occidental,
C. i.
imitans
forme des populations très abondantes et remarquablement polymorphes depuis la fin des glaciations quaternaires. En analyse factorielle, ce polymorphisme se traduit par un ensemble de nuages de points étroitement imbriqués représentant un agrégat de populations locales dont tous les paramètres présentent d’importantes variations. Sur l’ensemble du bassin nous avons distingué trois
types
: un
type
méditerranéen septentrional (mer Ligure) massif, aux épines latérales développées mais trapues à la base (
type
rappelant celui des formes ibériques atlantiques); un
type
méditerranéen méridional (secteur algérien), très original, caractérisé par de très longues épines latérales et un corps peu globuleux et étroit au niveau du système de fermeture; un
type
méditerranéen oriental (mer Ionienne) se rapprochant des formes atlantiques marocaines et sénégalaises, caractérisées par une épine postérieure assez longue (
Fig. 8A, B
). Les
types
septen- trionaux et méridionaux sont reliés par une série de formes de transition. Leurs caractères différentiels concernent le volume du corps par rapport aux épines latérales, la longueur et la forme des épines latérales et postérieure et la largeur de la lèvre dorsale.
Cavolinia inflexa imitans
est polymorphe et elle a une large répartition mondiale. Elle représente vraisemblablement le phénotype originel du groupe
inflexa
.
FIG. 6. —
Cavolinia inflexa imitans
(
Pfeffer, 1880
)
, vue dorsale et de profil;
A -G
, Méditerranée;
A -C
, Ligure;
D
,
E
, secteur algérien;
F
,
G
, mer Ionienne;
H -K
, Atlantique;
H
, golfe de Gascogne;
I
, Atlantique portugais;
J
, Atlantique marocain;
K
, Atlantique sénégalais;
L
,
M
, Pacifique centre-équatorial;
N
,
O
, Indonésie. Échelle: 1 mm.
Cavolinia inflexa inflexa
(Lesueur, 1813)
(
Figs 7
A-G; 8C, D)
Hyalaea inflexa
Lesueur 1813: 285
.
MATÉRIEL
EXAMINÉ. —
300 spécimens
(
00°00’S
,
169°57’E
;
00°35’S
,
169°54’E
;
17°15’N
,
145°44’O
;
34°48’S
,
17°46’E
;
36°44’S
,
20°00’E
;
47°32’N
,
08°35’O
;
47°33’N
,
08°39’O
;
47°34’N
,
08°41’O
)
.
DISTRIBUTION. — Cette sous-espèce est rare et a une répartition discontinue. Nous l’avons récoltée à la périphérie des aires d’extension de
C. i.
imitans
: Atlantique
septentrional et méridional, Pacifique central, occidental et sud-oriental et océan
Indien
sudoccidental (
Fig. 8D
).
REMARQUES
Elle a une coquille effilée caractérisée par une longue épine postérieure (Lp/L = 0,54-0,55) et une faible largeur au niveau des épines latérales (l/L = 0,54-0,63). Sur les plans factoriels I et II, Lp est située dans le nuage de points de cette forme (
Fig. 8C
). Elle compte les plus petits spécimens du groupe, sa longueur étant généralement inférieure à
5 mm
(
Tableau 4
). Vue de profil, la coquille est mince et la face dorsale plane. L’épine postérieure a une section transversale circulaire; elle est peu recourbée dorsalement. Les fentes des épines latérales sont deux fois plus longues que la zone de chevauchement des valves; cette zone est plane. Dans le tiers antérieur de la coquille, on compte trois côtes dorsales longitudinales limitées par de profonds sillons.
C. i.
inflexa
a donc beaucoup d’affinités pour
C. i.
imitans
. Elle s’en distingue cependant par la taille plus petite, le profil moins haut, les épines latérales plus courtes et l’épine postérieure comparativement plus longue et moins recourbée. En fait, ces deux sous-espèces forment une série continue. Peu abondante et située en bordure des aires d’extension de la précédente,
C. i.
inflexa
représente vraisemblablement les populations périphériques, monomorphes et peu denses de
C. i.
imitans
.