Deux nouvelles espèces d’ Aloe L. (Xanthorrhoeaceae, Asphodelaceae), section Lomatophyllum Rowley, de Madagascar
Author
Jean-Philippe Castillon
text
Adansonia
2017
2017-06-30
39
1
7
13
journal article
10.5252/a2017n1a1
b9a9d10f-e4f0-4498-9696-046dee1fc19c
1639-4798
1095574
Aloe alaotrensis
J.-P. Castillon,
sp. nov.
(
Fig. 2
A-E)
Planta
A. sociale
cognata est sed, maculatis canaliculatisque foliis, nunquam basi virgulta emittente sed bulbillifera, inflorescentiis longioribus quam foliis, praecipue differt.
TYPUS
. —
Madagascar
.
District d’Ambatondrazaka
,
ravins à l’est du lac Alaotra, dans des lambeaux de forêt
,
800 m
,
octobre 1937
,
H.
Humbert
17572
(
holo-
, P[
P00413814
]!; iso-, P[P00413816]!) (Fig. 2A).
PARATYPI
. —
Madagascar
. District d’Ambatondrazaka,
VI.1957
,
J.& M. Peltier 968
(
TAN
!);
VIII.1938
,
M.G. Cours 625
(P[P01813462, P01813464]!); 1946,
A.M. Homolle s.n.
(P[P01813476]!)
ÉTYMOLOGIE
. — La plante pousse près du lac Alaotra.
DESCRIPTION
Plante
Haute de
30-60 cm
, parfois caulescente, ne rejetant pas mais produisant des bulbilles et formant des groupes denses (Fig. 2C-D).
Tige
40 ×
2 cm
, couchée puis redressée.
Feuilles
Récurvées, 60 × 2,5 cm, à texture molle, allongées en gouttières, à extrémités pointues portant 2 épines; face supérieure vert marron uni, tachetée de vert clair sur les jeunes feuilles; face inférieure vert clair, tachetée.
Épines
5 ×
3 mm
, blanches à la base et vertes plus haut, espacées de
12-18 mm
.
Suc
Peu abondant, vert-jaune virant au brun.
FIG. 2. —
A -E
,
Aloe
alaotrensis
J.-P. Castillon, sp. nov.:
A
, scan de l’holotype
Humbert
17572
[P00413814];
B
, racème en gros plan;
C
, plant adulte avec sa longue tige;
D
, jeunes plants avec leurs inflorescences longues et minces, et des bulbilles;
E
, en culture: inflorescences, fruits et bulbilles;
F
,
Aloe
propagulifera
(Rauh) Newton & Rowley.
Inflorescences
2-4 par rosette, arquées ascendantes, longues de
40-50 cm
, généralement simples, exceptionnellement avec une ramification, émettant 1-2 bulbilles avant le racème.
Pédoncule
Gracile, large et peu épais (5 ×
1 mm
), ployant sous le poids des fleurs et donc souvent horizontal puis redressé (Fig. 2D-E), vert-marron tacheté de blanc.
Bractées
1 à 3, stériles, aiguës, 5 ×
3 mm
blanches, scarieuses, avec une nervure marron.
Grappe
Capitée ou conique, assez lâche, de 4,5 cm de diamètre, longue de
4-8 cm
, portant environ 8-20 fleurs (Fig. 2B).
Fleurs
Rouges, blanc-vert à l’apex.
Bractées florales
Deltoïdes, 2 ×
2 mm
, blanc scarieux, avec une nervure centrale marron.
Pédicelle
Rouge, long de
9 mm
.
Périanthe
Long de
23 mm
, légèrement arqué clavé, de
4 mm
de diamètre au niveau de l’ovaire, puis rétréci (
3 mm
) et enfin élargi à
5 mm
.
Segments
Soudés sur les 2/3 basaux, à extrémités récurvées.
Étamines
Aussi longues que le périanthe, géniculées près de l’ovaire; filaments bruns et jaunes à l’apex.
Style
Jaune; stigmates inclus puis exserts de
4 mm
.
Ovaire
Jaune 3 ×
2 mm
.
Fruits (
Fig. 2
E)
Baies vertes
18-20 mm
ovoïdes côtelées et à surface irrégulière.
Graines
Noires, brillantes, 4 ×
3 mm
, ovales, à arêtes très arrondies, sans ailettes.
DISCUSSION
Cet
Aloe
,
étiqueté
L.
cf.
socialis
au
MNHN
, est effectivement proche de
A. socialis
mais en diffère par de nombreux caractères importants: les feuilles tachetées canaliculées, l’absence de rejets, la présence de bulbilles, les inflorescences très longues et très fines, d’abord couchées, puis redressées au niveau du racème. L’espèce à mon sens la plus proche est
A. propagulifera
(Fig. 2F), mais
A. alaotrensis
est caulescent, a un pédoncule couché, une grappe lâche, un racème plus allongé et des fleurs plus petites. En fait,
A. alaotrensis
est tout à fait intermédiaire entre
A propagulifera
et
A socialis
, hormis un point: ses inflorescences très longues et minces qui à elles seules caractérisent et permettent immédiatement d’identifier l’espèce.
STATUT
DE CONSERVATION
Cette plante a été trouvée dans un lambeau de forêt de moins de
1000 m
², au milieu de collines dénudées; elle pousse sur une surface d’une centaine de mètres carrés seulement. Lors de mon passage, des feux de brousse étaient en train de lécher le bord de ce minuscule et dernier oasis de verdure, et il est à craindre que la station ne disparaisse par le feu ou par la colonisation par des plantes envahissantes. Je suis bien plus pessimiste pour cet
Aloe
que pour
A. maningoryensis
car l’endroit où il pousse est encore plus dégradé, très peu d’habitants des villages voisins connaissent cette plante, et les rares personnes qui la connaissent m’ont affirmé ne l’avoir trouvée qu’à cet endroit précis. Malgré le fait que la plante se reproduise encore très bien, la probable destruction prochaine de son ultime habitat (à moins que la plante n’existe encore dans les forêts vierges du parc de Zahamena) m’incitent à donner à cette plante un statut de plante en danger critique d’extinction (CR B2a,b; D).