Étude d’un assemblage original de microvertébrés du Pléistocène moyen du nord-est de l’Algérie (Ben Kérat, Oued Zenati) et description de deux nouveaux muridés Author Stoetzel, Emmanuelle Author Pickford, Martin text Geodiversitas 2022 2022-02-17 44 8 237 263 journal article 54981 10.5252/geodiversitas2022v44a8 7e93094c-b8b7-4077-9a4e-5b3c0e65f952 1638-9395 6245987 urn:lsid:zoobank.org:pub:E7490671-2900-4DE3-8E2E-D6921D80C6D1 Gerbillus cf. grandis Tong, 1989 MATÉRIEL. — NR = 18+; une m1 G, une m1 D, une m2 G, une m2 D, une M1 G, trois M2 G, une M1 G, une M2 G, deux M2 D et onze m3/M3 isolées (+ fragments d’émail de molaires isolées non identifiables). DESCRIPTION ET COMPARAISONS Les gerbilles de Ben Kérat ( Table 2 ; Figs3 et 4 ) présentent une taille intermédiaire entre l’actuelle G . campestris Loche, 1867 et l’espèce fossile G . grandis Tong, 1989 . Cette dernière a été décrite dans le gisement pléistocène moyen de Thomas 1 ( Maroc ) et observée ensuite dans plusieurs autres sites maghrébins datés du Pléistocène moyen (Stoetzel 2013). Les M1 montrent deux racines principales et une troisième petite racine linguale, des crêtes longitudinales hautes (antérolophule et néolophe L), et un protocône modérément décalé par rapport au paracône. Les m1 présentent deux racines (une m1 porte une ébauche de troisième racine très réduite du côté labial), les crêtes longitudinales (antérolophulide et néolophide L) sont hautes et alignées sur un même plan, l’hypoconide est décalé postérieurement par rapport à l’entoconide,et une m1 (la plus usée)porte un cingulum postérieur bien marqué. Sur la base de ces caractères de taille et de morphologie, nous attribuons les molaires de gerbilles de Ben Kérat à Gerbillus cf. grandis ( Tong 1989 ) . G . grandis est proche morphologiquement de G . campestris , mais outre une taille plus réduite, cette dernière se distingue notamment par des M1 avec un paracône orienté antéro-labialement et relié au protocône par une courte crête,alors que chez G . grandis le paracône est parallèle au protocône,ces deux derniers étant orientés labio-lingualement et largement unis. De plus, les m1 de G . campestris présentent un néolophide L moins haut que chez G . grandis ( Tong 1989 ) . La forme de Ben Kérat pourrait correspondre à la sous espèce G . grandis minor décrite par Geraads (1994 , 2016a ) à Oulad Hamida 1 (Grotte des Rhinocéros, Casablanca, Maroc ), qui présente une taille un peu inférieure et des M1 avec des tubercules moins alternes que la sous-espèce nominale. TABLE 1. — Liste faunique des microvertébrés de Ben Kérat ( NR , nombre de restes identifiables au moins anatomiquement; NMI , nombre minimum d’individus). L’échantillon A correspond à celui donné dans les années 1980 à M. Pickford par L. Ginsburg; les échantillons B correspondent aux trois blocs traités en 2018. Le NMI total n’est pas une addition des NMI de chaque échantillon, mais a été recalculé sur l’ensemble du matériel pour chaque taxon. Les micromammifères indet. et Anoures indet. n’ont pas été pris en compte dans le décompte des NMI totaux.
Échantillon B
Échantillon A Bloc 1 Bloc 2 Bloc 3 TOTAL
Taxons NR NMI NR NMI NR NMI NR NMI NR NMI
Gerbillus cf. grandis 3 1 5 1 14 2 1 1 23 3
Meriones sp. 2 1 2 1
Paraethomys geraadsi n. sp. 39 9 16 3 58 9 5 2 118 16
Mus kerati n. sp. 13 3 21 7 34 7
Praomys cf. pomeli 1 1 2 1 3 1 6 2
Ellobius cf. barbarus 9 3 2 1 13 3 3 2 27 6
Crocidura cf. maghrebiana 7 3 1 1 7 2 15 3
Crocidura cf. whitakeri 1 1 1 1 5 1 7 2
Micromammifères indet. 1 1 32 2 81 3 10 1 124 (5)
Discoglossus sp. 1 1 1 1
Anoures indet. 2 1 2 (1)
Lacertidae 1 1 1 1 2 2
cf. Malpolon sp. 1 1 1 1
Total 61 18 74 13 205 27 22 6 362 44
TABLE 2. — Mesures de longueur et largeur (en mm) des molaires inférieures et supérieures des Gerbillus de Ben Kérat.
Gerbillus N L moy L min L max σ l moy l min l max σ
M1 3 2,43 2,31 2,58 0,14 1,66 1,63 1,68 0,03
M2 4 1,42 1,31 1,48 0,08 1,46 1,41 1,5 0,04
m1 2 2,5 2,47 2,53 – 1,51 1,5 1,52
m2 2 1,5 1,45 1,55 – 1,44 1,36 1,51
Il apparaît également qu’une révision d’une partie des collections serait nécessaire. Par exemple au sein du groupe des G . campestris fossiles la variabilité de taille est très grande ( Fig. 4 ) et il est possible que parmi ces spécimens, notamment ceux datant du Pléistocène moyen, certains appartiennent à d’autres espèces (à Aïn Mefta par exemple).