Ascidies (Polyclinidae, Pseudodistomidae et Polycitoridae) de l’ouest de l’océan Indien
Author
Monniot, Françoise
Author
Monniot, Claude
Muséum national d’Histoire naturelle, Département Milieux et Peuplements aquatiques, case postale 51, 57 rue Cuvier, F- 75231 Paris cedex 05 (France) monniot @ mnhn. fr
monniot@mnhn.fr
text
Zoosystema
2006
28
1
113
156
journal article
10.5281/zenodo.5399797
1638-9387
5399797
Aplidium convergens
n. sp.
(
Figs 3
;
24B
)
SYNTYPES
. —
Île Maurice
.
19°59.15’S
,
57°37.81’E
.
54 m
,
14.XI.1999
, coll. CRRF, 4 colonies (MNHN A1 APL B 462).
ÉTYMOLOGIE. — Du latin
convergens
: convergent.
DESCRIPTION
Les quatre colonies sont globuleuses, sans incrustation sédimentaire, de couleur saumon. La tunique devient transparente dans le formol. La plus grande colonie mesure
3 cm
. Les orifices buccaux sont disposés en doubles rangs, séparés par de larges espaces contenant les canaux cloacaux communs. Ces canaux convergent vers quelques ouvertures cloacales communes au sommet de la colonie, d’où le nom d’espèce (
Fig. 24B
). Les zoïdes vivants étaient de couleur jaune.
Les zoïdes (
Fig. 3A, B
) sont larges et courts (au maximum
9 mm
) avec un thorax de longueur égale à celle de l’abdomen plus le post-abdomen. Le siphon buccal est court avec six lobes arrondis (
Fig. 3A
). Le siphon cloacal s’ouvre au niveau des deuxième et troisième rangs de stigmates. La languette cloacale simple est implantée nettement en avant de l’ouverture du siphon (
Fig. 3A
).
Le thorax est large. La branchie comprend 10 rangs de 28 stigmates (
Fig. 3A
). Le raphé est décalé à gauche.
FIG. 3. —
Aplidium convergens
n. sp.
:
A
, thorax et abdomen d’un zoïde;
B
, abdomen et post-abdomen;
C
,
D
, larves. Échelles: A, B, 1 mm; C, D, 0,5 mm.
L’abdomen est beaucoup plus court que le thorax. L’estomac cylindrique a une paroi avec des stries longitudinales sinueuses, parfois interrompues, mais sans qu’elles constituent de véritables plis ni d’aréoles (
Fig. 3B
). L’intestin postérieur débute par des caeca au fond de la boucle digestive (
Fig. 3A
). L’anus bilobé s’ouvre au niveau du quatrième rang de stigmates. Le post-abdomen est court (
Fig. 3B
). L’ovaire se situe immédiatement derrière l’abdomen, antérieurement au testicule. Les lobules testiculaires occupent presque tout le volume du post-abdomen et forment une grappe allongée. Les spermiductes issus de ces lobules convergent en un faisceau longitudinal large (d’où le nom d’espèce) qui devient un conduit unique seulement au niveau de l’estomac (
Fig. 3B
).
Les larves sont incubées dans le thorax le long de la branchie (
Fig. 3A
). Le tronc mesure de
0,8 à 1 mm
de long chez les larves âgées (
Fig. 3C
), mais seulement
0,8 mm
à un stade jeune où la branchie est pourtant déjà apparue (
Fig. 3D
). Les trois papilles adhésives antérieures sont longues et bien écartées. À un stade où la queue est encore enroulée autour du tronc (
Fig. 3D
), les papilles adhésives sont séparées à leur base par de petits groupes de deux à trois vésicules rondes situées contre la masse viscérale. À un stade plus développé, les pédoncules des papilles adhésives s’allongent et les vésicules s’isolent de la masse viscérale et se dispersent (
Fig. 3A
). La branchie larvaire commence à se différencier très tôt avec cinq rangs de stigmates déjà visibles dans une ébauche de thorax large.
REMARQUES
Cette espèce ressemble beaucoup à
Aplidium altarium
(
Sluiter, 1909
)
par la structure de la colonie avec des zoïdes en doubles rangs et des canaux cloacaux convergeant vers de larges ouvertures terminales. Il y a également 10 rangs de stigmates, un post-abdomen court. Cependant l’holotype de Sluiter (ZMA TU 176) revu montre une languette cloacale insérée au bord du siphon, un estomac à nombreux plis, très fins, des larves incubées dans la cavité cloacale munies de trois papilles adhésives à pédoncule très fin alternant avec quatre vésicules épidermiques. Ceci correspond à peu près aux descriptions de
Michaelsen (1919)
pour des spécimens de
Zanzibar
et à celles de
Millar (1956)
pour des colonies du
Mozambique
. Notre spécimen diffère par la position de la languette cloacale distante de l’ouverture du siphon, l’estomac à structure pseudoaréolée et la structure de la larve.
Kott (1992)
attribue à l’espèce
Aplidium altarium
diverses colonies provenant aussi bien de l’ouest que de l’est de l’Australie qui diffèrent les unes des autres par la couleur, le mode d’incubation des larves et qui appartiennent probablement à deux espèces distinctes. Par la position de la languette cloacale et par les plis de l’estomac, les figures de Kott (représentant un spécimen du nord de l’Australie) pourraient correspondre à l’espèce de
Sluiter (1909)
. Par contre, le dessin de la larve d’un spécimen de l’ouest de l’Australie montre beaucoup plus de vésicules autour des papilles adhésives de la larve, ce qui ne correspond ni à l’holotype de Sluiter, ni aux spécimens du
Mozambique
de
Millar (1956)
, ni à notre colonie de
Maurice
. La forme du siphon cloacal à deux lèvres, indiquée par
Kott (1992)
, ne se trouve pas dans l’holotype de l’espèce ni dans notre échantillon et n’est pas mentionnée dans les autres descriptions.
La présence d’une poche incubatrice dans certaines colonies et son absence dans d’autres colonies de stations différentes signalées par
Kott (1992)
laissent supposer le mélange de deux espèces.
En conclusion,
A. convergens
n. sp.
ne correspond ni à
Aplidium altarium
, ni aux descriptions de Michaelsen, Millar ou Kott. Elle en est cependant très proche.