Caractérisation acoustique des différentes espèces du genre Phaneroptera Audinet-Serville, 1831 en Europe occidentale, et description d’une nouvelle espèce cryptique en France et en Espagne (Orthoptera, Tettigoniidae, Phaneropterinae)
Author
Barataud, Julien
Le Bourg, F- 19330 Chanteix (France) julien. barataud @ gmail. com
julien.barataud@gmail.com
text
Zoosystema
2021
2021-11-10
43
29
691
727
journal article
3512
10.5252/zoosystema2021v43a29
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1638-9387
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Phaneroptera cf. sparsa (
Stål, 1857
)
Le chant des mâles enregistrés en
Espagne
présente un certain nombre de similitudes avec celui de
P. laticerca
n. sp.
Comme chez cette espèce, il est particulièrement complexe, et composé de strophes hétérogènes dans lesquelles alternent différents
types
de phrases, syllabes et impacts isolés. Chacun des
types
acoustiques présente cependant des caractéristiques permettant de différencier facilement les stridulations des deux espèces (cf. infra Clé d’identification acoustique). La FME, légèrement plus haute en moyenne, est généralement située entre 25 et 29 kHz (minimum 22,1 et maximum 30,8 kHz; n = 297). Comme chez
P. laticerca
n. sp.
et
P. falcata
, la stridulation peut être décomposée en
3 types
différents:
FIG. 22. — Chant de type 1 d’un mâle de
Phaneroptera falcata
(Poda, 1761)
; oscillogramme (partie supérieure) et spectrogramme (partie inférieure) à différentes échelles temporelles; Chateauponsac (FR-87); 06.VIII.2020; chant nocturne 20° C. Séquence en hétérodyne: MNHN-SO-2021-174; séquence en expansion de temps: MNHN-SO-2021-175.
FIG. 23. — Chant de type 2 d’un mâle de
Phaneroptera falcata
(Poda, 1761)
; oscillogramme (partie supérieure) et spectrogramme (partie inférieure) à différentes échelles temporelles; Chanteix (FR-19); 31.VII.2019; chant nocturne 19° C. Séquence en hétérodyne: MNHN-SO-2021-176; séquence en expansion de temps: MNHN-SO-2021-177.
FIG. 24. — Chant de type 3 avec plusieurs mâles de
Phaneroptera falcata
(Poda, 1761)
; oscillogramme (partie supérieure) et spectrogramme (partie inférieure) à différentes échelles temporelles; Ayen (FR-19); 27.VIII.2018; chant nocturne 23° C. Séquence en hétérodyne: MNHN-SO-2021-178; séquence en expansion de temps: MNHN-SO-2021-179.
–
Le chant de
type
1 (
Fig. 25
) est composé de syllabes isolées, très courtes, et ne comportant généralement que 3 à 4impacts (minimum 2; maximum 7; n = 160). La durée des syllabes est généralement de 17 à 25 ms (minimum 9; maximum 39 ms; n = 160) et les intervalles entre syllabes sont variables, le plus souvent compris entre 0,5 et
2,5 s
; n = 160. Ces syllabes sont également caractérisées par une légère diminution de fréquence entre les premiers et les derniers impacts.
FIG. 25. — Chant de type 1 d’un mâle de
Phaneroptera
cf.
sparsa
(
Stål, 1857
)
; oscillogramme (partie supérieure) et spectrogramme (partie inférieure) à différentes échelles temporelles; Torredembarra (ES-TA); 30.X.2019; chant nocturne 19° C. Séquence en hétérodyne: MNHN-SO-2021-195; séquence en expansion de temps: MNHN-SO-2021-196.
FIG. 26. — Chant de type 2 d’un mâle de
Phaneroptera
cf.
sparsa
(
Stål, 1857
)
; oscillogramme (partie supérieure) et spectrogramme (partie inférieure) à différentes échelles temporelles; Cabo de Gata (ES-AL); 26.X.2019; chant nocturne 16° C. Séquence en hétérodyne: MNHN-SO-2021-197; séquence en expansion de temps: MNHN-SO-2021-198.
FIG. 27. — Chant de type 3 d’un mâle de
Phaneroptera
cf.
sparsa
(
Stål, 1857
)
; oscillogramme (partie supérieure) et spectrogramme (partie inférieure) à différentes échelles temporelles; Individu en captivité capturé à Cabo de Gata (ES-AL); 02.XI.2019; chant nocturne 15° C. Séquence en hétérodyne: MNHN-SO-2021-199; séquence en expansion de temps: MNHN-SO-2021-200.
–
Le chant de
type
2 (
Fig. 26
) est composé de phrases constituées de 3 à 12 syllabes dont l’intensité est à peu près similaire. La première syllabe compte généralement 5 à 6 impacts (minimum 2; maximum 7; n = 36), les suivantes ne comptant souvent que 1 à 4 impacts. Les intervalles entre phrases sont assez importants, plus de 6 s en moyenne (minimum 1,5; maximum 12 s; n = 36).
–
Le chant de
type
3 (
Fig. 27
) est composé de séries d’impacts isolés, avec un rythme assez lent, les impacts se rapprochant de manière progressive en diminuant en intensité. Les intervalles entre les impacts sont généralement compris entre 500 et 1800 ms (minimum 193; maximum 3580 ms; n = 101).
FIG. 28. — Oscillogrammes de différentes séquences de
Phaneroptera
cf.
sparsa
(
Stål, 1857
)
:
A, B
, extraits de séquences typiques avec quelques phrases de type 2, des séries d’impact de type 3 et une série de syllabes de type 1;
C
,
D
, séquence uniquement composée de syllabes de type 1 avec un rythme plus ou moins rapide;
E
, séquence uniquement composée de phrases de type 2;
F
, séquence uniquement composée de séries d’impacts de type 3;
G
, séquence uniquement composée de séries d’impacts de type 3 avec plusieurs individus proches les uns des autres. Séquences en hétérodyne: A, MNHN-SO-2021-201; B, MNHN-SO-2021-202; C, MNHN-SO-2021-195; D, MNHN-SO-2021-203; E, MNHN-SO-2021-197; F, MNHN-SO-2021-199; G, MNHN-SO-2021-204.
Comme chez
P.laticerca
n. sp.
, la même séquence
type
semble revenir de manière régulière dans les enregistrements réalisés: une longue série de syllabes de
type
1, quelques phrases de
type
2, suivies de séries plus ou moins longues d’impacts de
type
3 et finalement une nouvelle série de syllabes de
type
1 pouvant durer plusieurs minutes (
Fig. 28A, B
). L’alternance entre ces trois
types
de chants semble moins régulière que chez
P. laticerca
n. sp.
et certains individus ont par exemple produit des syllabes de
type
1 de manière exclusive pendant plusieurs dizaines de minutes, avec un rythme plus ou moins rapide (
Fig. 28C, D
) ou encore des longues séquences de phrases de
type
2 (
Fig. 28E
) ou de séries d’impacts de
type
3 sur des durées de plusieurs minutes (
Fig. 28F
). Comme chez
P. laticerca
n. sp.
, certains enregistrements montrent plusieurs individus proches les uns des autres semblant se répondre avec des chants de
type
3 (
Fig. 28E
).
FIG. 29. — Chant d’un mâle de
Phaneroptera
cf.
sparsa
(
Stål, 1857
)
de l’ile de Tenerife; oscillogramme (partie supérieure) et spectrogramme (partie inférieure) à différentes échelles temporelles; La Orotava (ES-TF); 27.II.2019; chant nocturne 15° C. Séquence en hétérodyne: MNHN-SO-2021-205; séquence en expansion de temps: MNHN-SO-2021-206.
FIG. 30. — Graphique représentant le nombre d’impacts par syllabes en fonction du nombre d’impacts par seconde pour les stridulations de type 1 des différentes espèces de
Phaneroptera
Audinet-Serville, 1831 d’Europe
occidentale enregistrées avec une température ambiante supérieure à 10° C.
Aucun chant de réponse des femelles à la stridulation des mâles n’a pu être enregistré sur le terrain et il serait intéressant d’étudier la stratégie d’appariement chez cette espèce à partir d’individus élevés en captivité.
Lors d’un séjour sur l’île de Tenerife (archipel des
Canaries
) en
février 2019
, des enregistrements d’individus se rapportant à
P. sparsa
ont pu être réalisés sur neuf mâles différents (sur une seule station). Un seul
type
de chant a pu être noté sur ces enregistrements (
Fig. 29
), constitué de longues séries de syllabes d’une durée comprise entre 65 et 140 ms et généralement composées de 9 à 12 impacts (minimum 6; maximum 13; n = 107). Les intervalles entre syllabes sont assez courts, le plus souvent compris entre 0,2 et
1,2 s
; n = 107. La FME est assez similaire à ce qui a pu être noté chez les individus de
P.
cf.
sparsa
d’Espagne
continentale, le plus souvent entre 26 et 27,5 kHz (minimum 25,1; maximum 30,5 kHz; n = 107). Ce chant diffère nettement du chant de
type
1 des
P.
cf.
sparsa
espagnols par un nombre d’impacts plus importants, des syllabes plus longues à température équivalente et un nombre plus faible d’impacts par seconde au sein des syllabes. Si l’on compare aux autres espèces du genre
Phaneroptera
en
Europe occidentale (
Fig. 30
), cette stridulation se singularise par la combinaison d’un faible nombre d’impacts par seconde (excluant
P. falcata
et
P. laticerca
n. sp.
) et un nombre important d’impacts par syllabes (excluant en partie
P. nana
,
ce dernier différant par ailleurs par une FME nettement plus basse).
Morphologiquement, les deux mâles capturés présentaient des cerques très effilés, caractéristiques de
P. sparsa
sensu lato
,
mais il n’a pas été possible d’approfondir l’examen par des mesures morphométriques puisque les deux individus se sont malheureusement échappés de la cage d’enregistrement dans laquelle ils avaient été placés.